Des chants de Noël de la Renaissance

La Renaissance est friande de « noëls », ces petits chants sur la Nativité qui s’impriment par centaines dans des recueils. Les noëls français se chantaient non pas à l’église, où le latin était de mise, mais dans les rues, au coin du feu et même à la cour. Écrits par les poètes les plus en vogue comme par d’illustres inconnus, ils étaient souvent chantés sur des airs profanes connus de tous.

« Sors de ton lit »

Dans ce petit chant enlevé, le mot de « Noël » fait office à lui seul de refrain : il contient en lui-même, par son étymologie, l’idée de naissance. C’est à l’enfant Jésus que s’adresse avec enthousiasme l’unique couplet, qui rappelle à la fois la naissance terrestre et l’origine céleste du Christ :

« Sors de ton lit paré
Comme un nouveau soleil
Romps les Cieux et descends,
Ange du grand conseil
Enfant mais homme-Dieu,
Fils du Très-Haut
Qui porte ta grand’pricipauté
Sur ton épaule forte« 

« À la venue de Noël »

Les instruments se font plus sonores sur ce petit noël baroque, manifestant toute la gravité de l’événement. Les paroles retracent en effet la lutte entre Lucifer et le Christ, dont la naissance comme la crucifixion nous sauvent du péché, et c’est pourquoi « chacun se doit bien réjouir » :

« À la venue de Noël
Chacun se doit bien réjouir
Car c’est un testament nouvel
Que tout le monde doit tenir.

Quand par son orgueil, Lucifer
Dedans l’abîme trébucha
Il nous tirait tous en enfer
Et le Fils de Dieu l’empêcha.

Après un bien petit de temps
Trois rois le vinrent adorer
Portant la myrrhe avec l’encens
Et l’or qui est fort à priser.

Là, virent le doux Jésus-Christ
Et la mère qui le porta
Celui qui tout le monde fit
Et les pécheurs ressuscita.

Bien apparut qu’il nous aima
Quand à la croix pour nous fut mis
Dieu le Père qui tout créa
Nous donne à la fin Paradis. »

Un « Nowell » anglais

Et oui, le mot « Noël » existait aussi outre-Manche avant de devenir « christmas », avec tout de même quelques petites variantes orthographiques. La présence de percussions rend la mélodie plus soutenue et plus rythmée que nos noëls français, et le chant nous paraît presque épique. Les paroles mêlent à l’anglais quelques mots de latin, et reprennent aussi le récit de l’Annonciation, comme l’indique le refrain :

« Nowell, nowell, nowell, nowell,
This is the salutation of Gabriel »

« O Magnum Mysterium », chanson latine pour les matines

Ce chant de messe n’est pas exactement un noël, mais un cantique sacré en latin chanté aux matines de Noël. Il a été composé par l’illustrissime Victoria, prêtre, maître de chapelle et organiste emblématique de la Renaissance espagnole. Il est ici interprété par des choristes dans l’église Saint-Merry, à Paris, le 29 janvier 2011, pour célébrer les 400 ans de la mort du compositeur. Voici en français les paroles de ce superbe motet :

« Ô grand mystère, et admirable sacrement, que les animaux voient leur Seigneur nouveau-né, couché dans une mangeoire ! Ô heureuse Vierge dont les entrailles méritèrent de porter le Seigneur Jésus-Christ. Alléluia. »

Via https://fr.aleteia.org/2018/12/21/une-playlist-de-noel-comme-au-xvie-siecle