Le « coffre-fort mondial des graines » : au centre de stockage du Svalbard en Norvège, l’ambition est de recueillir au moins un exemplaire de chaque variété de plante dans le monde – telle une « arche de Noé végétale » – afin de pouvoir la faire germer dans le cas où une catastrophe aurait décimé l’ensemble des spécimens au-dehors. Une visite virtuelle de ce lieu fermé au public est maintenant possible.

A l’occasion de son 15e anniversaire, le Svalbard Global Seed Vault, co-géré par le gouvernement norvégien, la société NordGen (banque génétique des pays nordiques) et le Crop Trust, propose une visite virtuelle gratuite et libre d’accès. L’interface donne l’opportunité de circuler dans les longs couloirs de la banque, et jusqu’au sein des trois salles de stockage prévues pour abriter quelque 3.000 boîtes de graines chacune – soit 4,5 millions de variétés végétales au total – avec la possibilité d’accéder à des explications, textuelles ou vocales, sur des points précis.
https://seedvaultvirtualtour.com/
Parmi les dizaines de banques de graines qui existent dans le monde, celle du Svalbard, enterrée sous le permafrost, est de loin la plus riche, avec plus d’un million d’échantillons soigneusement enfermés dans des sachets sous vide et placés dans des boîtes ornées du drapeau de leur pays d’origine. En circulant parmi les rangées, on repère aisément les contributions de la Mongolie, de la République Tchèque, du Royaume-Uni, ou encore du Kenya.
La localisation de la banque du Svalbard ne doit rien au hasard, puisqu’il s’agit de l’endroit le plus septentrional (au nord) au monde qui soit desservi par un vol régulier. Pandémie, espèces invasives, sécheresses et autres catastrophes naturelles… L’installation a été conçue pour résister à tout ce qui, hors de ses murs, risque un jour de balayer des variétés végétales cruciales pour l’alimentation humaine ainsi que leurs « cousins » sauvages (wild crop relatives en anglais), dont le patrimoine génétique renferme de précieux gènes de résistance aux conditions extrêmes.
Et le rôle de cette structure n’est, malheureusement, pas seulement hypothétique. Ainsi, après la destruction de la banque de graines d’Alep au cours de la guerre civile en Syrie, le Centre international de recherche agricole en zone aride a pu reconstituer son stock grâce à un transfert d’échantillons depuis le Svalbard.
Si « l’arche de Noé de la biodiversité végétale » est conçue pour durer, ce n’est en revanche pas le cas des graines, qui perdent leur capacité à germer au bout d’un certain temps (quelques décennies, en moyenne), ce qui oblige donc à renouveler régulièrement les stocks.