Expo Les Très Riches Heures du duc de Berry au Château de Chantilly

Du 7 juin au 5 octobre 2025, le Château de Chantilly exposera le manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry, rutilant après une restauration minutieuse. De nombreuses institutions mondiales ont prêté des pièces de leur propre collection, ce qui ajoute au prestige de l’événement…

Tout au long de l’année 2024, le musée Condé, abrité au sein du Château de Chantilly, a mené une vaste entreprise de restauration d’un des manuscrits les plus prestigieux au monde, Les Très Riches Heures du duc de Berry.

L’histoire d’une découverte progressive

En décembre 1855 réapparaît à Gênes un manuscrit ayant appartenu au duc Jean de Berry (1340-1416). Il est signalé à Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), qui en perçoit le caractère exceptionnel, l’achète aussitôt et en entame l’étude avec les meilleurs érudits de l’époque.

Les Très Riches Heures sont, selon leur dénomination au début du XVe siècle, un livre de prières insigne, commandé vers 1411 par le duc Jean Ier de Berry, frère du roi Charles V, à trois jeunes artistes talentueux, originaires de Nimègue, les frères Paul, Jean et Herman de Limbourg. Ceux-ci sont les neveux du peintre Jean Malouel (v. 1370-1415) et s’entourent des meilleurs copistes et ornemanistes. Commanditaire et peintres meurent en 1416 laissant le manuscrit inachevé.

Tout au long du XVe siècle, d’autres enlumineurs se succèdent pour compléter le manuscrit, tels Barthélémy d’Eyck vers 1440 pour la famille royale, et Jean Colombe vers 1485 pour Charles Ier de Savoie qui hérite à son tour du livre. Dans ce joyau devenu un « livre-cathédrale » sans perdre son unité, se croisent des influences multiples, flamandes, françaises, italiennes, orientales et antiques, peu à peu mises au jour par les spécialistes.

À partir de son installation à Chantilly et des premières reproductions initiées par le duc d’Aumale, le livre acquiert une célébrité mondiale qui lui confère une valeur d’icône du Moyen Âge. Il façonne encore une image poétique et idéale du Moyen Âge dans l’imaginaire collectif.

Réalisé sur vélin, avec l’utilisation de détrempe, d’or, d’argent et d’encre, ce manuscrit est protégé par une couverture en maroquin rouge datant du XVIIIe siècle. Malgré le soin accordé à sa conservation, il avait subi les effets du temps : marques brunes et ruptures sur le premier cahier devenu fragile, couture affaiblie, dommages sur des zones de peinture, des défaillances et craquelures dans les lettres et des éraflures sur sa couverture…

Du 7 juin au 5 octobre 2025, cette restauration constitue un joyeux prétexte pour présenter plus largement le manuscrit et sa confection au public.  À cette occasion, le musée Condé offrira une perspective unique, en réunissant en un même lieu tous les livres d’heures de Jean de Berry, grâce aux prêts de plusieurs institutions internationales. Parmi celles-ci, le Metropolitan Museum of Art, la Bibliothèque nationale d’Autriche, la Bibliothèque Royale de Belgique, la Biblioteca Apostolica Vaticana, la Bibliothèque de Genève ou encore la Free Library of Philadelphia.

Pour la première et sans doute dernière fois, les premiers feuillets du manuscrit, déreliés, seront présentés ainsi au public. Les pages du calendrier, qui figurent parmi les plus connus de ce manuscrit culte, seront aussi montrées côte à côte, offrant un panorama sans précédent.

Mois de janvier
Mois de mai © RMN-GP

Cœur du cœur de l’exposition, le manuscrit lui-même, est présenté dans une vitrine particulière. Le livre sera ouvert sur une double page régulièrement changée. Les visiteurs auront aussi la possibilité de se référer à l’ensemble du livre à travers deux feuilletoirs numériques et un fac-similé papier offert au feuilletage.

Le manuscrit a passé une période exceptionnelle dans les laboratoires du C2RMF au Louvre de mars à mai 2023. Il y a bénéficié des meilleures techniques d’imagerie et a été exploré en profondeur par les restaurateurs qui ont pu examiner les zones fragilisées pour mieux comprendre ses altérations. En plus de guider le travail de restauration, ce corpus d’images est ensuite analysé pour mieux comprendre la facture et l’iconographie du livre, notamment les coups de pinceau audacieux de ses peintres.

En attendant de se dévoiler lors de l’exposition, le manuscrit est entièrement consultable en ligne.

Commissariat

Mathieu Deldicque, Conservateur en chef du patrimoine, Directeur du musée Condé

Marie-Pierre Dion, Conservateur général des bibliothèques

Le Projet Les Très Riches Heures du duc de Berry est soutenu par la Fondation Etrillard.

Campagne participative

Pour préserver ce chef-d’œuvre unique hérité du Moyen Âge, le musée Condé mène un projet de restauration historique, visant à stopper les dégradations du parchemin et de la couche picturale ainsi qu’à réparer la reliure.
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