Podcast  Chefs-d’œuvre en vies

Intitulé Chefs-d’œuvre en vies et disponible depuis le 12 mars 2025 sur le site franceculture.fr et l’application Radio France, le programme comprend dix épisodes d’une vingtaine de minutes et « autant d’histoires trépidantes révélant la puissante vitalité d’œuvres emblématiques de notre patrimoine ».

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-chefs-d-oeuvre-en-vies

Chaque épisode est l’occasion pour Jean de Loisy de créer un dialogue unique avec un conservateur du Louvre : ensemble, ils retracent les péripéties, paradoxes et étrangetés d’une œuvre choisie parmi chacun des neuf départements du Louvre et du musée Delacroix.

Du célèbre Portrait d’Anne de Clèves au Mastaba d’Akhetetep, en passant par l’armure dite d’Henri II, la tunique de Thaïas ou encore le Portrait en pied de la marquise de Pompadour , « les œuvres nous révèlent les tribulations de destins tour à tour étonnants, mystérieux ou émouvants. Elles nous disent que le passé n’a jamais été aussi vivant » explique le Musée du Louvre.

Chaque entretien est accompagné d’une sélection de textes lus par Clotilde Hesme et Micha Lescot, permettant ainsi d’écouter les témoignages et les œuvres inspirées par ces œuvres, leur découverte, leur fabrication, leur réinterprétation.

Dans cette collection de podcasts originaux, “Chefs-d’œuvre en vie”, Jean de Loisy conte à merveille la face cachée des œuvres du Louvre, sur lesquelles veillent tant de passionnés et de savants. Aux côtés des conservateurs du musée, le critique et commissaire d’exposition divulgue l’histoire intime de trésors comme le portrait de la marquise de Pompadour par Maurice-Quentin de la Tour, celui d’Anne de Clèves par Hans Holbein le Jeune, le tombeau de Philippe Pot, la maquette en bronze dite le Sit-Shamsi…

  • Les 10 épisodes 

. Portrait d’Anne de Clèves (1515-1557), Hans Holbein le Jeune
En échange avec Cécile Scaillierez, conservatrice en chef du Patrimoine au département des Peintures, musée du Louvre. Lieu : Musée du Louvre, Richelieu, 2étage. Salle 809.

« Un portrait de jeune femme de visage et en grand habit. Le modèle, les yeux à peine baissés, attend, peut-être un signe, un acquiescement, celui du roi d’Angleterre Henri VIII pour devenir sa quatrième épouse. Ce chef-d’œuvre d’Holbein le jeune, qui représente Anne de Clèves a peut-être changé l’histoire européenne. Portrait de fiançailles ou de mariage, inquiétude du modèle qui sera bientôt choisi ou portrait en majesté de celle qui est Reine et bientôt répudiée ? Dans quelle circonstance ce chef d’œuvre a t-il été réalisé et quel fut son effet sur les décisions d’un roi redouté ? ».

. Armure avec l’histoire de Pompée, autrefois dite d’Henri II  (vers 1560).
En échange avec Philippe Malgouyres, conservateur en chef du Patrimoine, département des Objets d’art, musée du Louvre. Lieu : Musée du Louvre, Richelieu, 1er étage. Salle 528.

« Cette armure splendide, ornée de scènes réalistes en relief, est un bel exemple de la somptueuse production des parures triomphales que collectionnèrent les souverains européens au milieu du XVIe siècle. A qui était réellement destinée cette armure qui fut à tort associée à Henri II ? quel atelier la réalisait, en Italie, en France ou au Pays Bas ?
Pourquoi, alors que héros, demi-dieux ou figures d’effroi comme la méduse ou le lion sont souvent les décors attendus d’une armure qui doit souligner la puissance de celui qui la revêt, pourquoi celle-ci est-elle ornée des représentations des épisodes tragiques de la rivalité entre César et Pompée ? »

. Plat à inscription rayonnante
– 975 / 1000 (IVe quart du Xe siècle). Lieu de provenance : Samarcande. En échange avec Souraya Noujaim, directrice du département des Arts de l’Islam, musée du Louvre.

« Réalisé à la fin du XIe siècle dans cette région qui est aujourd’hui l’Ouzbékistan, ce plat, chef-d’œuvre de la céramique de Samarkand, peut être aussi considéré comme un monument philosophique. Que nous apprenons ce plat qui a été réalisé, quelques années avant une invasion qui allait détruire la société cosmopolite et prospère qui jouissait du commerce et des arts au moment où il a été conçu. Que nous dit-il de la culture, de la foi, que nous dit-il de la poésie, de l’art et de la théologie ? »

. Statuette votive dite Aphrodite de Nemi.
-375 / -350 (IIe  quart IVs. av. J.-C.). Lieu de création : Latium, Étrurie – Lieu de découverte : Nemi. En échange avec Laurent Haumesser, conservateur en chef du Patrimoine au département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines, musée du Louvre. Lieu : Sully – Salle 660

« C’est une sculpture en bronze, longiligne, étirée comme une ombre au crépuscule, qui a été découverte au bord du lac de Nemi, lieu d’un fameux culte à Diane qu’évoque Virgile. Datée du IVe  siècle avant notre ère, elle semble retenir encore dans sa forme la silhouette du bâton qui en fut peut-être la première origine. Elle n’est pas romaine, ni grecque, ni sans doute étrusque, elle ne représente peut-être pas non plus Aphrodite contrairement à l’identité que lui a donnée la tradition. On connaît peu de son histoire et de son culte et pourtant elle fascine. Que peut-on néanmoins deviner de cette déesse, qu’elles étaient les dévotions qu’on lui associait, pourquoi cette forme inspira à ce point les artistes modernes ? »

. Mastaba d’Akhethétep
– 2445 / -2385 (?) (Niouserrê Ini ; Djedkarê Isési). Lieu de découverte : Saqqara, mastaba d’Akhethetep. En échange avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre. Lieu : Sully – Salle 320

« Au Louvre, dans les salles des antiquités égyptiennes, le visiteur découvre, une fente dans un mur : l’étroite entrée d’une chapelle funéraire ; celle d’Akhetetep, un personnage éminent qui pouvait se targuer de la qualité d’« ami unique du roi », ou encore du beau titre, de « chef des secrets de la maison du matin ». Akhethetep voici plus de 4000 ans prépara soigneusement son voyage cosmique qui devait lui permettre de rejoindre dans l’éternité les dieux et les étoiles. C’est à cette fin qu’il fit construire cette chapelle. »

. Tombeau de Philippe Pot , grand sénéchal de Bourgogne (+vers le 15 septembre 1493)
IVe quart du XVe siècle. Lieu de provenance : Abbaye de Cîteaux. En échange avec Sophie Jugie, directrice du département des Sculptures, musée du Louvre. Lieu : Richelieu – Salle 210.

« Au Louvre, puissant et solennel, un tombeau de chevalier qui ne ressemble à aucun autre impose sa gravité au visiteur des salles consacrées à la sculpture du Moyen Âge au Louvre.
Le grand Sénéchal de Bourgogne y paraît, porté sur son lit funèbre par huit personnages presque grandeur nature. Ils sont vêtus d’amples aubes noires, leur visage est dissimulé par de vastes capuchons et ils arborent sur le côté leurs armes dynastiques. Le défunt qu’ils soutiennent grandement est Philippe Pot, allongé, mais les yeux grands ouverts, casqué, en armure, l’épée au côté, un animal à ses pieds… Alors que le chevalier repose sur une dalle gravée d’un long texte, ce grand monument nous fait deviner peut-être deux autres messages assez mystérieux. L’un des arrangements aux hommes et l’autre destiné au Ciel. »

. Maurice-Quentin de La Tour : Portrait en pied de la marquise de Pompadour
1752/1755
En échange avec Xavier Salmon, directeur du département des Arts Graphiques. Lieu : Salle de consultation du département (sur demande).

« Maurice-Quentin de La Tour est, alors qu’il a rencontré son immense talent à la disposition de la famille royale, un artiste admiré. Pendant vingt-ans, il réalise pour la Cour une trentaine d’effigies. Mais l’œuvre la plus délicate, la plus ambitieuse de son activité à Versailles est le portrait de Madame de Pompadour, maîtresse officielle, devenue amie et conseillère du Roy, sans doute la femme la plus influente de France à l’époque où cette œuvre fut exécutée. Cependant, les huit années qu’il fallut à l’artiste pour réaliser ce chef-d’œuvre, les difficultés qu’il rencontra interrogent : quels étaient donc les enjeux techniques, artistiques et philosophiques de cet étourdissant portrait de la Marquise? Que s’était-il passé pendant cette longue période de tourments pour l’artiste, d’impatience pour son modèle ? Quelle méthode, quels essais fit le portraitiste, de quelles péripéties son pastel fut-il victime et surtout quels sont les messages discrets que transmettent cette composition, peut-être guidé par d’autres enjeux, plus politiques, que celui de la beauté de son modèle? »

. Maquette d’un lieu de culte, dite le Sit-shamshi ou « (cérémonie du) lever du soleil »
-1150 / -1120 (Dynastie des Shutrukides : Shilak-Inshushinak). Lieu de découverte : Suse, Acropole
En échange avec François Bridey, conservateur au département des antiquités orientales, musée du Louvre. Lieu : Sully – Salle 304

« Dans les salles du Moyen Orient ancien, un plateau de bronze, nous transmettons l’écho affaibli d’une cérémonie dédiée au levier du soleil. Cet objet fut découvert, scellé dans le mur d’une tombe, au cœur de la vaste cité de Suse en 1905, au sud-ouest de l’Iran actuel. Il nous informe qu’eut lieu voici près de 3000 ans entre l’acropole, montagne sacrée consacrée aux dieux, et le Palais du roi Shilhak-Inshushinak, une cérémonie cultuelle dont cet objet exceptionnel est l’unique trace. Que nous révèle-t-il de cette cérémonie sacrée, que nous raconte-t-il des mœurs, de l’architecture et des rites de cette civilisation que l’on appelle Élamite ? »

. Tunique de Thaïas
660 / 780 (début époque islamique). Lieu de découverte : Tombe de Thaïas
En échange avec Maximilien Durand, directeur du Département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient.

« Écoutez l’histoire déchirante qu’évoque la célèbre Tunique de Thaïas , une histoire où se mêlent la passion, la beauté, l’amour, la pénitence, le regret, le polythéisme crépusculaire de l’orient et le christianisme naissant. En effet, au Louvre est conservée une simple tunique de lin blanc, modestement ornée. Ce serait le vêtement d’un personnage dont l’histoire bouleversa la fin du XIXe  siècle :Thaïs. Artistes, musiciens, écrivains, couturiers s’enthousiasmèrent en effet pour la prêtresse de Vénus qui se repentit dans les rigueurs du désert. Alors que sa vie fut d’abord contée par Anatole France, puis devint le sujet d’un opéra par Massenet, son corps fut opportunément découvert par un archéologue excentrique vers 1900 dans ce qui fut la cité puissante d’Antinoupolis en Égypte. Mais est-ce vraiment le corps de la Sainte qui fut ainsi retrouvé ou bien cette tunique fut-elle le ressort d’une passion moderne qui frappa les imaginaires et provoqua un engouement inattendu pour l’archéologie à l’époque où furent fouillés les vestiges de la ville de l’Empereur Hadrien ? »

. Eugène Delacroix : Portrait de l’artiste, dit Portrait de Delacroix en Hamlet, dit autrefois Portrait de Delacroix en Ravenswood
1821 ( ?)
En échange avec Claire Bessède, directrice du musée national Eugène-Delacroix. Lieu : musée national Eugène-Delacroix.

« C’est un autoportrait d’Eugène Delacroix, alors à l’orée alors de sa carrière, dans lequel il se représente dans un décor théâtral, le regard déterminé, inquiet mais intense, en Hamlet. Se peut-il que ce petit tableau, exécuté rapidement et presque entièrement en noir et blanc, annonce mieux qu’aucun discours ce qu’est sa personnalité et les enjeux de son œuvre encore à venir, lui qui écrit à cette même période : La gloire n’est pas un vain mot pour moi… Conservé par le musée du Louvre dans l’ancien atelier du Maître à Paris il exerce sur les visiteurs une curieuse fascination qui conduit les Musées du Monde entier à le réclamer pour leurs expositions. Quels sont les ressorts du succès de cet autoportrait de jeunesse, quel est son histoire, qu’annonce-t-il de ce que sera le grand artiste romantique que deviendra Delacroix ? »

  • Podcast Chefs-d’œuvre en vies

Une collection de Jean de Loisy pour le musée du Louvre et France Culture.

Coproduction France Culture – Musée du Louvre.
Avec les voix de Clotilde Hesme et Micha Lescot.

Production : Jean de Loisy. Réalisation : Céline Ters.

Avec les voix des comédiens Clotilde Hesme et Micha Lescot.

Responsable des podcasts originaux : Camille Renard. Chargée de programmes : Elodie Piel. Prise de son – mixage : Eric Boisset et Antoine Viossat. Recherches : les équipes du musée du Louvre.

À écouter sur les sites Louvre.fr/louvre plus et Franceculture.fr.