En août 1576, en pleine épidémie de peste, le frère franciscain espagnol Bernardino de Sahagún et 22 artistes indigènes se sont enfermés dans l’école de Santa Cruz de Tlaltelolco, à Mexico, avec pour mission de créer rien de moins que la première encyclopédie illustrée du Nouveau Monde. Le manuscrit, divisé en 12 volumes et désormais connu sous le nom de Codex Florentin, est le document artistique et historique le plus important pour l’étude des peuples et des cultures du Mexique central préhispanique et colonial. Le manuscrit achevé reflète à la fois les traditions indigènes et espagnoles d’écriture et de peinture, avec des colonnes parallèles de texte en espagnol et en nahuatl et plus de 2 000 illustrations à l’aquarelle préparées dans des styles picturaux européens et aztèques.
De nouvelles recherches ont révélé la complexité des significations inhérentes à la sélection des pigments utilisés dans le manuscrit, donnant un aperçu fascinant d’un langage symbolique jusque-là caché. S’appuyant sur de nouvelles approches de l’histoire de l’art, de l’anthropologie et de la science des matériaux, Diana Magaloni Kerpel explore l’un des plus grands manuscrits du monde, créé à un moment charnière du début des Amériques modernes.