INSCRIBE est un projet de 5 ans financé par la Commission européenne dans le cadre du programme ERC Consolidator grant (2018-2023) composé par une équipe de chercheurs fortement interdisciplinaire. INSCRIBE examine les facteurs qui ont rendu possible l’invention de l’écriture, lorsque celle-ci s’est faite en tant que création originale, dans différentes parties du monde. Cette question n’a jamais été abordée dans une perspective comparative qui inclut les systèmes d’écriture que nous pouvons lire, mais ceux dont les langues sont encore inconnues.
Il existe une douzaine d’écritures dans le monde qui ne sont toujours pas déchiffrées. L’objectif est de percer les mystères de l’écriture ancienne grâce à une nouvelle approche, combinant l’étude des premières écritures du monde, y compris les plus anciennes en Europe, sous l’angle de l’archéologie, de l’anthropologie, de l’évolution culturelle, des études cognitives et des stratégies de déchiffrement.

Tout d’abord, INSCRIBE examine les inventions originales, toutes basées sur l’image, de la Mésopotamie, de l’Égypte, de la Méso-Amérique et de la Chine, ainsi que d’autres cas débattus, tels que l’écriture Rongorongo de l’île de Pâques et l’écriture de la vallée de l’Indus. L’objectif est d’expliquer leur invention en termes de cognition visuelle (pourquoi les signes sont-ils façonnés de la sorte ?), de contexte archéologique (quelles sont les conditions contextuelles préalables, pourquoi l’écriture émerge-t-elle à ce moment-là, et seulement quatre fois dans l’histoire ?), d’application de l’utilisation (quels sont ses objectifs initiaux ?) et de notation du langage (quelles sont les voies d’enregistrement du son ?).
Deuxièmement, INSCRIBE explore les premières écritures en Europe, celles de la région égéenne du deuxième millénaire avant J.-C., dont la phase initiale est fortement « iconique » (au sens large, basée sur l’image). Les trois écritures égéennes non déchiffrées (hiéroglyphe crétois, linéaire A et cypro-minoan) seront analysées pour la première fois dans une perspective multidimensionnelle qui apportera un éclairage sans précédent sur leur création et leur développement. Nous voulons analyser les relations entre ces écritures et appliquer une stratégie de déchiffrement en plusieurs étapes (déjà pilotée avec succès).
Troisièmement, INSCRIBE va au-delà des normes traditionnelles appliquées aux catalogues d’inscriptions en produisant le premier corpus numérique complet des trois écritures égéennes non déchiffrées, avec des modèles interactifs en 3D accompagnés d’une interface multidimensionnelle étiquetant les inscriptions, les types d’objets inscrits, la provenance, les contextes archéologiques et les fonctions.
Modèles 3D produits par le projet ERC INSCRIBE, basé à l’Université de Bologne.
Rongorongo
Tablette B de Rongorongo (ou Aruku Kurenga) de l’île de Pâques
Modèle de la tablette B (ou Aruku Kurenga) inscrite en écriture rongorongo de l’île de Pâques. Le modèle 3D a été acquis avec le scanner laser ScanRider 1.2 de VGER et rendu avec le logiciel CuneiformAnalyser. Avec l’aimable autorisation du Museo della Congregazione dei Sacri Cuori di Gesù e di Maria, Rome.
Tablette C (ou Mamari) de l’Île de Pâques
Modèle de la tablette C (ou Mamari) inscrite en écriture rongorongo de l’Île de Pâques. Il s’agit du premier modèle numérique 3D d’une inscription en rongorongo jamais développé. Il a été acquis avec le scanner laser ScanRider 1.2 de VGER et rendu à l’aide du logiciel CuneiformAnalyser. Avec l’aimable autorisation du Museo della Congregazione dei Sacri Cuori di Gesù e di Maria, Rome.
Répliques
Modèle imprimé en 3D de la boule d’argile cypro-minoenne

La boule orange est le résultat d’une expérience d’impression en 3D réalisée par Elio Jannelli, professeur de systèmes énergétiques à l’université Parthénope de Naples. Elle a été imprimée à partir du modèle numérique en 3D d’une boule d’argile cypro-minoenne scannée (en argile grise jaunâtre). La boule scannée est une réplique portant une inscription non attestée : cette expérience a montré le niveau de détail impressionnant que nous pouvons atteindre avec cette technique.
Réplique d’une boule d’argile cypro-minoenne
Reconstruction en 3D d’une boule d’argile portant une inscription cypro-minoenne. Nous avons utilisé la photogrammétrie et le balayage laser en synergie.
Réplique d’une tablette cunéiforme
Cette reconstruction en 3D est une expérience pour voir si les techniques que nous utilisons (photogrammétrie combinée au balayage laser) sont efficaces même lorsque les signes sont très petits et très denses. Il s’agit de notre premier essai, sur une réplique d’une tablette inscrite avec des signes cunéiformes, provenant du Musée national de Damas, en Syrie.