À Concarneau, dans le Finistère, l’association Low-Tech Lab a fabriqué une petite maison écolo sur roues pour démontrer que l’on peut vivre de façon autosuffisante grâce aux « technologies frugales ». Construite à la pointe du Finistère, cette maisonnette sur roues d’une superficie de 15 m2 possède tout le nécessaire pour permettre à deux personnes de vivre en totale autonomie et dans le respect de la nature.
Apparues aux États-Unis au début des années 2000, les tiny houses se démocratisent depuis peu en France chez les amateurs de minimalisme. Vue de l’extérieur, celle du Low-Tech Lab, cubique, a un style résolument moderne. La façade en bois est striée de grandes bandes peintes en noir (à la peinture de farine non toxique). Une terrasse en bois permet de doubler la superficie et l’infrastructure est complétée par une citerne d’eau de pluie, des panneaux solaires et des bacs où poussent des plantes pour la phytoépuration.

Autant de low tech, ces technologies frugales d’autosuffisance que l’association déniche autour du monde depuis 2016 avec son catamaran digne du film Waterworld, le Nomade des Mers. Des inventions qu’elle étudie et partage gratuitement sur Internet sous forme de tutoriels. « Notre objectif, au départ, n’est pas tant de faire parler des tiny houses que des low tech que l’on a installées à l’intérieur. Mais depuis peu on reçoit plein d’appels de gens qui pensent que nous vendons des tiny houses ! », explique Clément Chabot, ingénieur et membre de l’association, qui a participé à la construction et vécu un an dans la maisonnette pour mesurer son efficacité énergétique et en établir un rapport, avant d’y retourner pour passer sur place le « premier confinement » de l’année.
La petite maison a coûté seulement 25 000 euros en matériaux, auxquels ont été ajoutés 5 000 euros pour l’installation des low tech. « Ce chiffre est le plus intéressant : avec 5 000 euros et un peu de bricolage, aujourd’hui on peut rendre n’importe quelle maison autonome », assure Clément Chabot. Un investissement minime qui permettrait de résoudre la précarité énergétique dont souffrent près de 12 millions de Français, dont 60 % sont propriétaires et pourraient donc réaliser des travaux.
Pour l’eau chaude, un système équivalent trône à côté, avec cette fois une grille de réfrigérateur peinte en noir où circule de l’eau. « C’est un inventeur du coin qui nous a fait découvrir cette technique », raconte l’ingénieur. Autre fierté enseignée par un membre de la communauté Internet du Low-Tech Lab : le poêle de masse, surnommé Poêlito. Fabriqué avec un baril métallique, il est rempli de sable, ce qui lui permet de conserver la chaleur toute la nuit, tout en étant facilement démontable et résistant aux vibrations de la route.

Pour la conservation des fruits et légumes, l’équipe de bénévoles a construit un meuble à tiroirs divisé en quatre catégories : sec, humide, sombre et lumineux. Une petite fenêtre du mur nord donne sur un garde-manger extérieur fait d’une caisse en bois et d’une moustiquaire. « En ce moment, la température est de moins de 10 degrés. On n’a pas du tout besoin de brancher le frigo », constate Clément.
Pour la cuisson, même logique. « Une plaque à induction consomme 2 kW et le panneau solaire fait 200 W, donc il en faudrait dix comme lui pour alimenter la plaque ! On s’est donc rabattus sur le gaz : si on veut cuire du riz par exemple, il suffit de porter l’eau à ébullition, puis on met la casserole dans ce tiroir, qui est en fait isolé pour former une marmite norvégienne. Et le riz finit de cuire sans énergie. » À terme, l’ingénieur espère produire le gaz de sa cuisinière en méthanisant des déchets alimentaires.
La salle de bains est encore plus minimaliste. À gauche, une douche. À droite, des toilettes sèches. Et au milieu, rien d’autre : on se lave les dents dans le lavabo de la cuisine, espace restreint oblige. La salle de bains abrite une dernière low tech : la douche à recyclage. « L’idée était d’avoir un filtre qui renvoie l’eau purifiée sur la tête. Comme ça, en théorie, on peut prendre des douches chaudes illimitées sans vider la citerne. C’est la seule chose que nous n’avons pas construite nous-mêmes et c’est la seule qui est toujours en panne ! » .
Via https://usbeketrica.com/fr/j-ai-passe-une-nuit-dans-une-tiny-house-low-tech