Le samedi 7 décembre 2024, après cinq années de travaux, Notre-Dame de Paris ouvre de nouveau ses portes au public.
Des fouilles archéologiques préventives, menées en 2022 ont permis de dégager plus de 700 fragments polychromes de l’ancien jubé de la cathédrale, encore ornés des pigments du XIIIe siècle. par une équipe d’archéologues de l’Institut national de recherche archéologique préventive (INRAP), menée par Christophe Besnier. Une découverte inattendue et exceptionnelle, au cœur de la cathédrale, à 10 centimètres à peine sous les dalles du transept de l’édifice.
« La première fois que j’ai que j’ai découvert un visage sculpté, j’étais seule dans la cathédrale », se remémore Hélène Civalleri, archéologue à l’Inrap et la première à avoir mis au jour les restes de l’ancien jubé. « C’était un dégagement au marteau et au burin. D’un coup, un gros bloc s’est détaché et j’ai aperçu un visage. C’était un visage du Christ. On s’est rapidement rendus compte de l’ampleur de ce qu’on allait découvrir, que ça allait être quelque chose d’exceptionnel… »

Alors qu’ils n’étaient autorisés à creuser qu’à 40 centimètres de profondeur, les archéologues de l’INRAP ont finalement extrait, à leur grande surprise, 1 035 fragments du jubé, pesant de quelques grammes à plusieurs centaines de kilos. Surtout, parmi les nombreux vestiges dégagés du sol de Notre-Dame, les archéologues ont eu le plaisir de découvrir des fragments polychromes, sur lesquels subsistent encore les couleurs du XIIIe siècle.
Jusqu’ici, on ne connaissait qu’une quinzaine de fragments de l’ancien jubé, découverts lors des travaux de restauration de la cathédrale de Paris, menés entre 1845 et 1867 par Viollet-le-Duc. Ce mur, richement décoré de sculptures représentant diverses scènes de la Passion du Christ, séparait la nef et le chœur, avant d’être détruit au début du XVIIIe siècle, et enseveli là-même où il se dressait. Le jubé a donc été enterré sur le lieu-même de sa destruction. Par facilité, d’abord, compte tenu du poids des sculptures, mais aussi pour préserver le sacré – en le conservant dans un lieu consacré – et éviter toute tentative de pillage ou de commerce de ces figures religieuses.
Bleu, vert, orange, jaune, blanc ou encore crème… Trois siècles après la destruction du jubé, les couleurs ont ainsi été préservées dans le mortier, sous les dalles de Notre-Dame. « C’est un des aspects, aussi, qui rend cette découverte exceptionnelle », sourit Christophe Besnier. Révélée en septembre dernier, cette découverte avait d’ailleurs été éclipsée par l’annonce de la possible identification de la dépouille du poète Joachim du Bellay. Une hypothèse qui, si elle a fait couler beaucoup d’encre, reste encore aujourd’hui assez peu probable.
Si les visiteurs de l’exposition Faire parler les pierres de Notre-Dame peuvent aujourd’hui contempler les couleurs sur ces fragments, ce n’est qu’après deux années pendant lesquelles les archéologues se sont efforcés de stabiliser les couleurs des vestiges, devenues pulvérulentes.

Du 19 novembre 2024 au 16 mars 2025, le musée de Cluny – musée national du Moyen Âge présente, en partenariat avec l’Inrap, une exposition autour du décor sculpté médiéval de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Aux fragments sculptés étudiés et restaurés par le musée, s’ajoutent les exceptionnels fragments polychromes du jubé du XIIIe s. mis au jour en 2022 par l’Inrap, encore jamais présentés au public.

Expo Faire parler les pierres, sculptures médiévales de Notre-Dame
Du 19 novembre 2024 au 16 mars 2025
Musée de Cluny – musée national du Moyen Âge, Paris 5e arrondissement (Île-de-France)

A écouter: Épisode 1/4 de Notre-Dame de Paris, pierres, feuilles, vitraux ! : Notre-Dame de Paris, un livre de pierre https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/notre-dame-de-paris-un-livre-de-pierre-7635296
Via https://www.inrap.fr/faire-parler-les-pierres-sculptures-medievales-de-notre-dame-19647
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-info-culturelle-reportages-enquetes-analyses/fragments-polychromes-de-notre-dame-de-paris-pour-un-archeologue-c-est-un-emerveillement-9077370