L’Inrap consacre sa neuvième saison scientifique et culturelle à l’âge du Bronze. Inventé au milieu du 3^e millénaire, le bronze, alliage de cuivre et d’étain, marque un tournant dans l’histoire de l’humanité. Doré, dur et éclatant, le bronze est communément associé à des objets prestigieux, parures, cuirasses et casques rutilants, conservés dans différents musées d’Europe. Par le nombre et la surface des sites étudiés, l’archéologie préventive a produit depuis une trentaine d’années une vision plus « à l’échelle » de l’âge du Bronze et des bouleversements variés que cette métallurgie a provoqués dans les échanges, la vie quotidienne, l’habitat, l’artisanat, l’agriculture, les rites funéraires, la migration, la guerre. Toute cette année, l’Inrap invite, à travers un riche programme d’expositions et de manifestations élaborées avec ses partenaires, à un panorama exaltant de ces nouvelles recherches sur l’âge du Bronze. 

L’âge du Bronze en France

Entre la « révolution néolithique » (6000 à 2300 av. J.-C.) et l’âge du Fer (800 av. J.-C. à la fin du I^er s. av. J.-C.), l’âge du Bronze a, ces dernières années, fait l’objet de nouvelles approches grâce aux opérations d’archéologie préventive mises en place par la loi de 2001. Plus de 3 500 rapports de diagnostic et 1 300 rapports de fouilles de l’Institut font état de vestiges de l’âge du Bronze (sans considérer les vestiges du Campaniforme que l’on situe entre le Néolithique et l’âge du Bronze), qui renouvellent en profondeur la perception d’une période, connue surtout jusqu’alors pour ses dépôts métalliques et quelques sites exceptionnels, mégalithiques ou palafittiques. Nombre de ces fouilles sont des opérations extensives qui ont permis des approches spatiales du territoire et des terroirs, des formes de l’habitat, des contextes funéraires ou des systèmes agraires.

Menées à une échelle locale et intégrées dans une grande enquête nationale réalisée par l’Inrap depuis 2007 (Lire Recherches archéologiques, 12, 2017), ces nouvelles recherches ont mis en évidence la forte dynamique de peuplement, en particulier à la fin de l’âge du Bronze  (à compter du XIV^e siècle av. J.-C.). Elles ont permis de mieux appréhender la terre à bâtir, vestige fugace et disparate, mais à la base de nombreuses constructions et activités artisanales. Présente tout au long de l’âge du Bronze, la ferme familiale isolée, érigée sur poteaux porteurs et entourée de parcelles agricoles, constitue l’élément de base sur lequel se développent des formes d’habitat plus complexes (Ancenis, Buchères, Sartène…), puis de véritables villages (Malleville-sur-le-Bec, Caudan).

Alors que se développe un premier système de production et de distribution, les sociétés elles-mêmes évoluent vers plus de complexité avec une hiérarchisation plus marquée (chefferies) et, sinon une « division du travail », du moins une spécialisation de plus en plus poussée des artisans, métallurgistes, potiers, orfèvres, menuisiers, tisserands, etc., pour la production et la diffusion d’objets élaborés qui ne peuvent plus être réalisés dans la sphère domestique. Les bergers et les paysans devenus plus productifs génèrent des richesses qui participent à ces nouveaux échanges.

Moins spectaculaire ou « révolutionnaire » que la néolithisation, caractérisée par l’introduction de l’agriculture et du mode de vie sédentaire, la « bronzization » (terme proposé par Helle Vandkilde) n’en traduit pas moins une étape clé de la construction de notre environnement, ainsi qu’un mouvement d’accélération des échanges et de complexification globale qui amorcent nos sociétés modernes et une forme de « mondialisation » à l’échelle de l’Europe.

Via https://www.inrap.fr/saison-age-du-bronze-19804

Les 150 ans de la reconnaissance d’un age du Bronze en France

Ce grand rendez-vous scientifique et culturel coïncide avec un anniversaire symbolique : les 150 ans de la publication par Ernest Chantre* de son ouvrage pionnier, Études paléoethnologiques dans le bassin du Rhône. Âge du Bronze : recherches sur l’origine de la métallurgie en France (1875). Avec ce travail fondateur, l’âge du Bronze acquiert pour la première fois une reconnaissance officielle au sein de l’archéologie française.

En savoir plus sur Ernest Chantre

Expos en France

Exposition “L’Odyssée du Bronze – A la rencontre des premiers Européens”, au Musée Anne de Beaujeu de Moulins-sur-Allier (8 février – 21 septembre 2025)

Au Musée Anne de Beaujeu de Moulins, du 8 février au 21 septembre 2025, une exposition permet de découvrir les richesses de l’âge du Bronze, spécialement dans le département de l’Allier et le Pays de Gannat. Plusieurs des dépôts exceptionnels de Jenzat sont présentés pour la première fois au public. Des découvertes plus anciennes, tout aussi spectaculaires, sont exposées : les objets en or de Jaligny et de Rongères, appartenant aux collections du Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye, sont visibles pour la première fois dans l’Allier depuis plus de 150 ans 

Cette exposition est la première à être inaugurée dans le cadre d’une année consacrée à l’âge du Bronze (Saison scientifique 2025 de l’Inrap) et promue par L’Association pour la Promotion des Recherches sur l’Âge du Bronze (APRAB)et le Musée d’Archéologie Nationale. Des ouvrages et catalogues permettront d’accueillir la découverte de cette période brillante, mais peu connue, de la Protohistoire.

Exposition “Les Maîtres du Feu : l’âge du Bronze en France 2300-800 av. J.-C.”, au Musée d’Archéologie nationale, jusqu’au 9 mars 2026.

Cette exposition, fruit d’une collaboration entre le Musée d’Archéologie nationale (MAN), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et l’Association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze (APRAB) montre comment l’évolution de la métallurgie a accompagné, tant symboliquement que culturellement, les bouleversements profonds de la société en Europe occidentale. Cette période a transformé le territoire français en un carrefour de cultures.

Quatre sections thématiques – produire, échanger, imaginer le monde, habiter le monde – mettront en lumière des pièces emblématiques provenant des collections du MAN et des collections de musées français et européens ainsi que des découvertes archéologiques récentes réalisées en France notamment issues des recherches en archéologie préventive.

Produire et innover

Les magiciens du feu
Le minerai de cuivre est exploité depuis le 6e millénaire avant J.-C.
Dans la nature, il se présente sous la forme de pierres, parfois colorées comme la malachite ou l’azurite. Récolté à l’aide d’outils en bois de cerf et de pierre, le minerai est concassé, chauffé à environ 1100°C et purifié afin d’en extraire le métal de cuivre. À la fin du 3e millénaire, on découvre qu’en mélangeant ce métal à de l’étain, il devient plus dur et résistant : c’est ainsi que naît le bronze, un alliage doré et robuste composé d’environ 85% de cuivre et 15% d’étain.

Échanger et communiquer

Tous les chemins mènent au bronze
À partir du 2e millénaire avant J.-C., la demande en cuivre et en étain nécessaires à la fabrication du bronze entraîne la mise en place d’un vaste réseau d’échanges reliant l’Europe et l’Asie, un phénomène
parfois désigné par les chercheurs sous le terme de « bronzisation ».
Le territoire de la France est intégré à ce réseau grâce à ses ressources et à ses voies maritimes, fluviales et terrestres, facilitant le transport des matériaux et des personnes du nord au sud de
l’Europe. Ces échanges, souvent contrôlés par des élites, impliquent divers acteurs (commerçants,
artisans, transporteurs, guerriers) et reposent sur une forte mobilité des personnes.

Imaginer le monde

Hommes – Femmes, mode d’emploi ?
Notre connaissance des populations de l’âge du Bronze, comme de toutes les sociétés sans écriture, repose sur les seules traces matérielles, souvent fragmentaires et sélectives. Ces témoins précieux ne reflètent souvent qu’une partie de la population.
Aux âges du Bronze ancien et moyen, les sépultures concernent surtout des individus privilégiés, hommes et femmes, inhumés avec soin, accompagnés de bijoux en or ou en bronze et d’armes. À partir du Bronze final, la crémation remplace progressivement l’inhumation, réduisant la monumentalité des
tombes et la richesse des offrandes.

Habiter le monde

Cultiver, élever, partager
La connaissance des paysages agricoles de l’âge du Bronze en France est récente, notamment par
comparaison avec les avancées en Angleterre ou aux Pays-Bas. Ces dernières années, les fouilles des
littoraux de la Manche et de la mer du Nord ont révélé les premiers parcellaires français : des fossés et
palissades délimitant de petits champs d’environ 5 000 m².
L’agriculture semble fondée sur la production de céréales (orge, blés, millets) et sur l’élevage (boeufs,
moutons, porcs…), avec peu de chasse. La viande, souvent cuite à l’étouffée, n’est sans doute pas
consommée quotidiennement, mais lors d’occasions particulières.

via https://www.hominides.com/les-maitres-du-feu/