Un feuilleton numérique en neuf épisodes met en valeur les collections des institutions culturelles de la Ville à travers un récit inédit mêlant textes, images et sons.
Par Philippe Muri
S’évader et rêver
«En période de semi-confinement, plus question de se rendre dans les musées. On a réfléchi au moyen de faire arriver les collections chez les gens, de manière originale», explique au bout du fil Matylda Levet-Hagmajer. Également écrivain, la chargée de projet a opté pour une fiction. «J’avais envie de trouver un biais qui permette de s’évader, de rêver.»
Imaginé au tout début du confinement, l’exercice est vite apparu relativement complexe. «Il fallait une trame incluant des pièces tirées des collections de la ville de Genève. Par ailleurs, la narration devait rester palpitante. Comme sujet, le Mont-Blanc m’a semblé idéal. C’est une montagne que tout le monde connaît à Genève, puisqu’on la voit depuis la ville. Elle possède un pouvoir évocateur très fort, qui me permettait de tisser divers liens.»
Confinés dans le Musée d’histoire des sciences, les deux héros des «Sentiers extra-ordinaires» vont notamment évoquer les mystères de la montagne et la frayeur que celle-ci a généré dans la population jusqu’au XVIIIe, début du XIXe siècle. Au fil des épisodes, on parlera aussi des recherches d’Horace Bénédict de Saussure, de chasse aux cristaux et aux chamois, ainsi que de la naissance du tourisme.
Témoignages audio
Particularité de ces épisodes? Tous donnent la parole, sous forme de témoignages audio, à différents acteurs de la société civile: alpiniste, météorologue, artiste, médecin, cristallier, garde-faune, etc. «On a généralement l’habitude que ce soit des gens du sérail qui s’expriment sur leurs collections. Ici, ce sont vraiment des intervenants extérieurs qui font le lien entre les objets décrits et leur expérience vécue ou leur passion.»
À la fin de chaque tranche de ce projet multimédia qu’est «Les Sentiers extra-ordinaires», des activités ludiques de médiation culturelle sont proposées. Elles impliquent adultes et enfants dans le but de prolonger l’expérience. Le premier épisode invite ainsi à dresser une liste du matériel qu’on emporterait en excursion, et à la comparer avec celle d’Horace Bénédict de Saussure. «L’idée, c’est de montrer que les musées sont là pour le plus grand nombre, et pas pour une poignée de personnes», conclut Matylda Levet. «Les collections sont vivantes et chacun à un niveau différent peut s’approprier le patrimoine.»
Chaque jeudi et chaque mardi
Huit institutions participent aux «Sentiers extra-ordinaires»: le Musée d’histoire des sciences bien sûr, où se déroule l’action, mais aussi le Muséum d’histoire naturelle, le Musée d’ethnographie, le Musée d’art et d’histoire, le Musée Ariana, le Fonds municipal d’art contemporain, le Conservatoire et Jardin botaniques et la Bibliothèque de Genève.
La série a débuté le 5 mai. De nouveaux épisodes de ce feuilleton digital sont mis en ligne chaque jeudi et mardi. A suivre sur https://www.geneve.ch/fr/sentiers-extra-ordinaires