Les sites du patrimoine mondial sont en danger constant de dégradation ou de destruction. Des militants aux automobilistes, des tremblements de terre à l’urbanisation, ces sites importants sont confrontés à des menaces tant humaines que naturelles.
La liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO (List of World Heritage in Danger) attire l’attention sur les sites qui risquent de perdre les caractéristiques qui les rendent spéciaux. Par définition, ces structures sont importantes pour « tous les peuples du monde », mais la plupart d’entre nous ne pourront pas les voir en personne. BudgetDirect a décidé de les amener chez vous à la place.
Nous avons travaillé avec l’architecte Jelena Popovic pour rechercher et illustrer six de ces lieux légendaires afin de vous offrir la meilleure expérience en ligne: une série d’animations reconstruisant chaque site pour voyager dans le temps depuis son aspect actuel à son aspect initial.
Hatra (Al-Jazīrah – Iraq)
Jusqu’à récemment, Hatra était la cité parthienne la mieux préservée. La forteresse a été construite entre le IIIème et le IIème siècle avant J.-C., protégée par près de quatre miles de murs intérieurs et extérieurs.
Hatra était la capitale du premier royaume arabe, et était appelée Beit ʾelāhāʾ (Maison de Dieu) en raison des temples célébrant les dieux grecs, arabes, mésopotamiens et arabes.
Le roi Sāsānian Ardashīr I a « détruit » la ville au 3ème siècle, et les ruines impressionnantes sont restées intactes jusqu’au 19ème siècle. En 2015, l’UNESCO a ajouté Hatra à sa liste des sites menacés après que des militants d’Isis aient tiré des balles sur les murs et les tours et utilisé des masses pour détruire des statues qu’ils considéraient comme des « signes de polythéisme ».
Leptis Magna (District de Khoms – Libye)
Lorsque Septime Sévère a été couronné empereur en 193, il a fait de sa ville natale un brillant exemple de l’urbanisme et de l’architecture romains.
Leptis Magna est devenue la troisième ville romaine la plus importante d’Afrique (après Carthage et Alexandrie) grâce à la richesse et à la puissance de son célèbre fils.
Parmi les joyaux de la ville, on trouve ce théâtre, creusé dans une colline basse auparavant utilisé comme cimetière. C’était l’un des premiers théâtres à incorporer des tribunes supplémentaires, construites en pierre naturelle et en béton.
Le portique mène à un portique composé de colonnades, d’un jardin et d’un temple. La guerre civile en Libye a rendu la ville de Leptis Magna vulnérable aux dommages de guerre et aux pillages.
Palmyre (Tadmur, gouvernorat de Homs, Syrie)
La Palmrye est devenue un emblème du patrimoine menacé. Au plus fort de la guerre en Syrie, des militants d’Isis auraient torturé le chef des antiquités de Palmyre, âgé de 82 ans, pour qu’il révèle où il avait caché les artefacts importants de la ville pour les protéger. Khaled al-Asaad, qui avait été responsable du musée de la ville depuis les années 1960, a finalement été tué sans avoir révélé leur emplacement.
Les militants ont détruit le temple de Bel à Palmyre, entre autres structures. La salle du temple du 1er siècle se dressait auparavant sur un podium central, entouré de portiques et d’un mur de 205 mètres avec une grande porte à propylées. Il ne restait plus qu’un pan de mur et l’arche de l’entrée principale du temple. Aujourd’hui, des travaux d’urgence sont effectués pour préserver la ville ancienne.
Fortifications de Portobelo-San Lorenzo (Province de Colon, District de Cristóbal, Panama)
À partir de 1590, la couronne espagnole a construit une série de forts le long de la côte caraïbe du Panama pour protéger le commerce transcontinental.
Certains des forts ont été intelligemment construits pour intégrer les caractéristiques naturelles du littoral. Certains ont un aspect médiéval, d’autres ont été conçus dans le style néo-classique.
Construits sur deux siècles, les forts de Portobelo-San Lorenzo sont une leçon permanente sur l’évolution de l’architecture militaire de l’Espagne coloniale. Mais les forces de la bature menacent le site du patrimoine depuis le littoral, l’urbanisation empiète sur les terres, et les problèmes d’entretien ont compromis les forts de l’intérieur. Les fortifications de Portobelo-San Lorenzo ont été ajoutées à la liste des sites menacés de l’UNESCO en 2012.
Nan Madol (Île de Temwen, États fédérés de Micronésie)
Entre 1200 et 1500 , les habitants de Pohnpei ont utilisé le basalte et le corail des rochers pour construire plus de 100 îlots au large des côtes de l’île principale. La taille et la sophistication de ces îles artificielles et des structures qu’elles accueillent est un témoignage des réalisations et de la culture des peuples insulaires du Pacifique appartenant à la dynastie des Saudeleurs. Des palais de pierre, des temples, des tombes et des maisons bordaient autrefois cette « ville sur l’eau » de 200 acres.
Le problème avec une ville sur l’eau est qu’elle est extrêmement vulnérable aux éléments. Le site n’a pas été modifié par l’homme moderne, mais il est inutilisé depuis les années 1820. Une végétation luxuriante sape la structure de Nan Madol, tandis que les dégâts causés par les tempêtes continuent de compromettre la structure.
Vieille ville de Jérusalem et ses remparts (Jérusalem, Israël)
La ville de Jérusalem abrite des structures de grande importance culturelle construites sur des centaines d’années. Le Mur des Lamentations en calcaire date de la reconstruction du second temple par Hérode vers 20 avant JC, tandis que le Dôme du Rocher a été construit sur le site du temple détruit en 688-91 après JC. Le toit doré du dôme date du milieu du XXème siècle.
L’UNESCO a placé la vieille ville sur la liste des sites menacés en raison de « dégâts sérieux suivis d’une urbanisation rapide« . La situation reste complexe car les citoyens ordinaires vivent dans des conditions précaires autour du site.
Une bataille en cours
Le temps ne s’arrête pas. La culture humaine est construite à partir de pièces en mouvement. La façon dont nous définissons, préservons et interagissons avec les sites importants en dit autant sur notre identité que les monuments eux-mêmes.
Les sites de l’UNESCO comme la vieille Jérusalem font toujours partie de la vie quotidienne, et certains historiens pensent que la destruction d’autres monuments est en soi un fait historique.
Cependant, prendre soin des siècles de connaissances et de sens que renferment les sites les plus menacés de l’UNESCO semble être une bonne façon de progresser en tant que culture.
Méthodologie
Nous avons commencé par faire des recherches sur la liste des sites du patrimoine mondial menacés (World Heritage in Danger), qui comprend les 53 biens que le Comité du patrimoine mondial a estimé être « en danger ». Nous avons sélectionné des sites issus de la main de l’homme et dont il restait quelques éléments. Nous n’avons pas sélectionné de sites naturels, ni de sites pour lesquels nous n’avons pas pu trouver d’informations historiques et conceptuelles précises. Les recherches ont été menées par l’architecte Jelena Popovic.
©Traduction: leCCRP