« Imaginez un musée d’œuvres d’art perdues. Il contiendrait plus de chefs-d’œuvre que tous les musées du monde réunis » : cette formule accrocheuse introduit la présentation de l’exposition virtuelle créée par la multinationale Samsung, en collaboration avec l’ARCA (The Association for Research into Crimes Against Art). Intitulé «Missing Masterpieces », ce projet, qui vient de voir le jour, présente une sélection de chefs-d’œuvre perdus au gré des guerres, d’actes de vandalisme ou de disparitions inexpliquées. « Missing Masterpieces » propose une véritable immersion dans les affaires les plus rocambolesques de l’histoire de l’art.
Quand les chefs-d’œuvre se volatilisent
Alors que de nombreuses œuvres ont été, et sont aujourd’hui encore, vandalisées, volées ou portées disparues, l’exposition fait la part belle à une large sélection d’œuvres égarées parmi laquelle 12 chefs-d’œuvre signés par Cézanne, Monet, Picasso, Blake et bien d’autres. Samsung et l’ARCA manifestent leur ambition de contribuer à la redécouverte de certains tableaux par la large diffusion de leurs reproductions. Néanmoins, ne vous y trompez pas, l’investissement de la marque Samsung n’est pas seulement régi par un intérêt artistique. Celui-ci est aussi d’ordre commercial. L’entreprise promeut, par la même occasion ses écrans QLED, « à la pointe de la technologie et de la haute définition », pour visualiser avec une précision imbattable les détails de ces œuvres numérisées. Parmi les chefs-d’œuvre présentés, la destinée de certaines
toiles se révèle parfois extravagante.
Van Gogh sous les bombes
Le peintre en route pour le travail est une huile sur toile de Vincent Van Gogh, réalisée en 1888. La facture du célèbre peintre néerlandais est identifiable par le travail par empâtement et la chaleureuse polychromie d’ensemble. L’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’un autoportrait apparaît plausible. Conservée en Allemagne, au musée Kaiser-Friedrich de Magdebourg, l’œuvre a été, d’après les dernières recherches, probablement détruite lors de bombardements alliés durant la Seconde Guerre mondiale. De nombreuses peintures du maître des Tournesols ont déjà fait l’objet de vol : en 1991, 20 œuvres avaient été volées au musée Van Gogh d’Amsterdam, puis deux autres tableaux en 2002 dans ce même musée. Ces derniers ont été retrouvés en 2016, à Naples. Plus récemment, Le Jardin du presbytère de Nueren au printemps a été dérobé au Singer Laren Museum.
Oudry dans un grenier
Nature morte au canard blanc de Jean Baptiste Oudry a été volée, en 1992, alors qu’elle était conservée au Houghton Hall de Norfolk, en Angleterre. La nature morte de ce peintre de la cour de Louis XV, estimée à près de 7 millions d’euros, demeure toujours introuvable. Les enquêteurs soupçonnent un gang receleur de pièces d’art. Le tableau serait, selon un informateur secret, caché dans le grenier d’une demeure isolée et délabrée de Newcastle.
Monet au poêle
Les variations sur le motif du pont de Charing Cross ne manquent pas dans l’œuvre de Claude Monet. Saisissant les nuances de chaque saison, l’artiste témoigne de sa fascination pour les séries et l’étude des lumières changeantes. Il a peint 37 versions de ce lieu entre 1899 et 1904. Le Pont de Charing Cross de 1901 a été dérobé en octobre 2012 au Kunsthal de Rotterdam. Sept autres chefs-d’œuvre signés Monet, Picasso ou encore Gauguin avaient également
été volés. Lors de l’interpellation de malfaiteurs, une complice a
affirmé aux autorités avoir brûlé le « Pont de Waterloo ». Des traces de pigments ont été retrouvées dans son poêle, confirmant ainsi la destruction totale du tableau.