Fin des fouilles à la croisée du transept de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Les équipes de l’Inrap œuvrent depuis trois ans à un programme de diagnostics, de prospections et fouilles archéologiques, pour accompagner le projet de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

S’agissant de la croisée du transept, une opération de fouille a été prescrite par la Drac en amont du montage de l’échafaudage nécessaire aux travaux de reconstruction de la flèche, en cohérence avec la planification des travaux de restauration. Financée par le maître d’ouvrage, l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, elle a été menée par l’Inrap du 2 février au 8 avril 2022 et a livré d’importantes données sur la construction et l’évolution de la cathédrale, des sépultures ainsi que de très nombreux éléments du jubé médiéval (détruit sous le règne de Louis XIV) dans un exceptionnel état de conservation.

La croisée du transept

L’édification de la cathédrale débute en 1163. La construction du transept, cette partie coupant perpendiculairement la nef avec laquelle il forme une croix, suit celle de l’abside et du chœur. Le cahier des charges scientifique annexé à la prescription de fouille de la croisée prévoyait un terrassement sur environ 35 cm sous le niveau de dallage actuel. La fouille a révélé dès ce niveau de décapage un radier daté entre le XIVe et le XVIIe siècle, reposant sur une stratigraphie constituée de plusieurs niveaux de sol construits en un mortier de sable et de chaux et dont certains présentent des traces de rubéfaction pouvant témoigner d’un incendie (celui de 1218 ?).

Le jubé perdu de Notre-Dame de Paris

Construite vers 1230, la clôture monumentale qui séparait le chœur (réservé au clergé) de la nef (espace ouvert aux fidèles), est détruite au début du XVIIIe siècle pour répondre aux nouveaux usages liturgiques. Sous le règne de Louis XIV, la section de jubé séparant le transept et le chœur est démolie. Seuls subsistent aujourd’hui les sections du jubé le long des parois latérales du chœur, au nord (daté du XIIIe siècle) et au sud (daté du XIVe siècle), dénommée aujourd’hui « clôture du cœur ».

De ce mur décoré et sculpté ne subsistent que quelques éléments mis au jour lors des travaux de Viollet-le-Duc (conservés au Louvre) et quelques blocs dans les réserves lapidaires de la cathédrale. Grâce à la fouille, plusieurs centaines d’éléments lapidaires allant de plusieurs centaines de grammes à près de 400 kg ont été retrouvés, enfouis dans la zone est du transept.

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Éléments du jubé en cours de fouille. À l’arrière-plan, les « big bags » contenant les déblais de la fouille.

© Denis Gliksman, Inrap

Ils se présentent sous la forme de fragments sculptés et polychromes, de personnages et d’éléments architecturaux religieux. Une première analyse stylistique des décors végétaux, de la façon de représenter les visages, les cheveux, les drapés… permet d’envisager une datation au XIIIe siècle. Contrairement à ceux conservés au Louvre, ces fragments frappent par leur polychromie, les couleurs se superposant parfois avec des rajouts, des réparations, l’application de feuilles d’or…

Leur disposition dans la fosse intéresse les archéologues car s’ils ont sans doute été laissés dans la cathédrale pour des raisons pratiques, ils y ont néanmoins été « inhumés » avec soin : les couches sont très bien organisées et agglomérées par un liant.

La fouille qui vient de s’achever laisse place à une longue période d’analyse et d’étude du mobilier, des vestiges organiques, de l’ADN, des matériaux, de la stylistique, de la polychromie, du répertoire iconographique…

Via https://www.inrap.fr/fin-des-fouilles-la-croisee-du-transept-de-la-cathedrale-notre-dame-de-paris-un-16452