La tradition de l’arbre de mai est un rite de fécondité lié au retour de la frondaison ; elle consiste à planter un arbre ou un mât qui le représente dans le courant du mois de mai.
Répandue dans toute l’Europe, elle connaît différentes variantes et déclinaisons de son nom : arbre de joie ou arbre de mai, le mai, arbre individuel, arbre d’amour et leurs traductions .
C’est le plus souvent dans la nuit du 30 avril au 1er mai, que cette ancienne tradition veut qu’on apporte un arbre de la forêt et qu’on le place au milieu du village. Cette fête célèbre la résurrection du monde végétal et de la vie universelle, et a pour fonction de stimuler les forces de reproduction de la terre. Ce rite de fécondité, lié au retour de la frondaison, marque aussi le passage d’une saison à l’autre. Autour de l’arbre du renouveau, planté sur la place centrale du village, orné de fleurs, de guirlandes et de rubans, la population se réunit pour festoyer pendant tout le mois de mai. On plante aussi des arbres de mai devant les églises, ou sur les places publiques. L’arbre de l’année précédente est brûlé, et ses cendres, soigneusement recueillies, sont réputées pour leurs vertus fertilisantes.

Les origines de ce rituel des rubans associé à un arbre remontent loin dans le passé, et ressortissent probablement d’un côté au rituel de momification égyptien avec ses bandelettes, et de l’autre au très ancien archétype de l’Arbre de vie ou de l’Arbre-Monde.
Quels sont les éléments constitutifs de l’Arbre de Mai ?
Le Mât ou Mai donne, maintenant, sa cohérence et sa solidité au Cosmos après le Grand Cataclysme : il représente l’Arbre, centre du Monde, le Clou support de l’Univers, qu’il répète, résume et symbolise.
Le Pommeau est la pomme Apfel/ apple d’Apollon et, chez les Provençaux, le Soleil au centre et au plus haut du Mai et, sans doute, était-il fait d’une boule d’ambre.
Les Petits Rubans qui forment la partie conique, figurent le fleuve d’étoiles, la voûte céleste d’Ouranos et plus particulièrement le Pont Bifrost/ Arc en Ciel, le chemin de l’âme. C’est aussi « le fleuve Eridan – le Don mythique – qui va d’Achernar, la tête, le Pôle, la Source, vers l’Estuaire (P-Y Guillaume, Des Runes et des Étoiles, Dervy 1995) » …et qui se jette dans :
La Couronne qu’est l’océan circulaire de l’équateur astronomique, la limite du monde étoilé visible dans l’hémisphère Nord– le Cosmos – figure les vingt quatre constellations d’où partent :
Les Grands Rubans qui seront spiralés, puis tressés le long du Mai par la danse doublement serpentine représentant le Dragon. Et c’est même un double dragon tel qu’il est resté dans le caducée de Mercure/ Cronos l’astronome. C’est aussi la toile d’araignée tissée par les Nornes/ Parques/ Moires qui siègent sous l’une des trois racines de l’Arbre du Monde : c’est le Destin, l’ensemble des “faits” échus auxquels on ne peut plus rien changer, qui va rassembler en un nouvel ordre cosmique “harmonieux” tous les éléments épars du Monde issus du Chaos Primordial. La Roue de la Vie, parente du Mandala figure sacrée aux Indes et au Tibet, est le dessin de ces deux dragons sur le sol.On garde traditionnellement au sommet du Mai une petite fourche triple ou un petit plumet de feuillage qui représente l’Irminsul, la Rune de Vie, donc celle de la Joie qui symbolise par son graphisme dépouillé l’ancêtre Cerf/ Alce/ Algiz ; et c’est aussi, nous l’avons vu, la lettre grecque Psy qui symbolise “la Pensée” . Cette petite fourche a aussi son utilité pratique : c’est le support des rubans qui maintiennent la couronne rituelle, et sa forme nous montre qu’elle est un Irminsul en relief :
Via http://racines.traditions.free.fr/2sources.htm
Arbre de mai de Locronan
À Locronan, dans le Finistère, un arbre de mai est planté chaque année le premier samedi de mai. Il s’agit d’un hêtre dressé sur la place principale pour fêter l’arrivée de la belle saison. Cet arbre sera abattu au mois de juin, pour le solstice d’été. Le tronc est alors vendu aux enchères et les branches seront utilisées pour le feu de la Saint-Jean. Selon la tradition, ce sont les jeunes qui se chargent de la plantation et de l’abattage, mais aujourd’hui, beaucoup ne répondent plus à l’appel et si la pratique n’a aucun mal à perdurer, elle a évolué vers tous types de population.
Le rituel de l’arbre de mai de Locronan est inscrit à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
À Locronan, les traces attestant de la pratique de l’arbre de mai ne remontent qu’au XXe siècle. Cependant, on peut penser que la pratique remonte à bien plus loin, dans le cadre des pratiques rituelles exécutées au mois de mai pour les « calendes de mai ». En effet, le calendrier breton est divisé en deux parties, les « calendes de mai » (Kala-mae) et les « calendes d’hiver » (Kala-goañv). Chaque entrée dans les calendes est célébrée lors de rituels.
Le calendrier celte marque également la date de la Saint-Jean, qui se caractérise pour l’allumage d’un grand feu. Cette pratique est associée à l’arbre de mai car l’arbre planté début mai est abattu et brulé lors du feu de la Saint-Jean. De plus, le choix de la variété de l’arbre n’est pas anodin. Il s’agit d’un hêtre, car ce dernier est l’un des arbres sacrés de la civilisation celtique. Il symbolise également le renouveau de la nature à cause de l’apparition précoce de ses feuilles.